
Saint Martin de Cornas et sa chapelle
Saint Martin de Cornas, avec sa chapelle qui surplombe la vallée encaissée du Gier, fut une commune rurale, de 355ha, à l’habitat très dispersé. Sans doute une difficulté pour ceux qui peuplèrent son territoire.

Dans le dénombrement de la population des villages de l’élection du Lyonnais, réalisé en 1480, Chassanieu et Cornas comptent 25 feux, 150 habitants sont recensés en 1850, 96 en 1946 , 94 en 1962… limitée d’est en ouest par les territoires de Givors, Chassagny, St Andéol, Echalas, St Romain en Gier au sud, cette commune connut, après la seconde guerre mondiale, de grandes difficultés pour entrer dans l’ère de la modernisation.
Historique
On trouve les traces écrites de l’existence de saint martin de cornas dans le cartulaire de Savigny, charte N° 129 : « Enl’an 901, l’église de Cornaco, en l’honneur de Sancti Martini, appartient à l’obédience de Mornant. »
Au XI° siècle, l’église de saint martin de cornas fait partie du diocèse de Lyon, de l’archiprêtré du Jarez .
En 1220, un accord passé entre le chapitre de Lyon et Arthaud de Roussillon, donne à celui-ci le droit de fortification à Saint Martin de Cornas. A la fin du XIII° siècle, un accord passé entre les comtes de Lyon et du Forez, et l’archevêque de Lyon, place Saint Martin de Cornas sous la suzeraineté de l’église de Lyon.
En 1385, la charte 146 du cartulaire des fiefs du diocèse de Lyon, cite que le fief d’Etienne Cluyen, damoiseau, jouit du droit de rentes à St. Andéol, Givors, Cornat, Echalas.
En 1742, par suite de la division de l’archiprêtré du Jarez en deux, Saint Martin de Cornas fera partie de l’archiprêtré de Mornant jusqu’à la révolution française.
En 1755, le chapitre de Lyon réclame haute, moyenne et basse justice sur Saint Martin de Cornas.
En 1789, monsieur de la Verpillière, major de Lyon, possédait le clocher de Saint Martin de Cornas.
Rattachée après la révolution, à Chassagny pour le culte puis à saint Andéol, la chapelle est restée, jusqu’à sa récente désaffectation, un lieu reconnu de pèlerinage à Saint Lazare, ainsi qu’à Saint Martin .
Le pèlerinage
Les moines bénédictins, au début du VI°siècle, ont christianisé les paysans gallo-romains entre Rhône et Gier. Ils furent massacrés par les Sarrasins. Les survivants construisirent le couvent de Cluzel sur le territoire de Ssaint Martin de Cornas.
Une chapelle édifiée sur cette propriété, en bordure du Gier, portait le titre de saint Lazare. A la suite de plusieurs péripéties, dont des inondations qui emportèrent la chapelle, la statue de Saint Lazare fut transportée dans la chapelle de Saint Martin de Cornas.
C’est ainsi que celle-ci, devint un lieu de pèlerinage entretenu par la dévotion à Saint Lazare, patron de la vallée du Gier. Les pèlerins n’ont cessé d’affluer au cours des années pour implorer qui, une guérison, qui la marche d’un enfant. Encore aujourd’hui, des parents en détresse peuvent venir frapper à la porte.

Un patrimoine sauvegardé
En 1964, la commune de saint Martin de Cornas après quelques épisodes conflictuels, entre la municipalité de l’époque et un « comitè « de citoyens qui réclamait des chemins carrossables, l’eau courante et l’électricité perd son indépendance, et est rattachée à celle de Givors, son école ferme en 1978 et dans les années 80, la chapelle se trouve menacée d’abandon.
En 1986, désaffectée, elle est vendue par la commune de Givors, avec l’ensemble du site, c’est à dire l’école, l’ancienne mairie : 2 corps de bâtiments qui se font face, séparés par un étroit passage.


Dés la connaissance des faits, un désir ardent de sauver et conserver ce patrimoine dans la communauté, conduit à la constitution de l’association de sauvegarde et restauration du site de saint martin de cornas soutenue par ses adhérents, des habitants, des historiens, l’association de défense de l’environnement andéolais.
Elle s’interpose et bloque le processus. Le compromis de vente sera rompu et en 1988 une convention signée entre la ville de Givors et l’association, confie à cette dernière la gestion et la restauration des locaux.
La chapelle, rattachée au circuit des chapelles et églises romanes en monts et côteaux du lyonnais, initié par l’association de promotion rurale des arts et de la culture, opére sa transformation.
Cinq chantiers internationaux vont se succéder de 1989 à 1992. Cette jeunesse venue des états unis, d’union soviétique, de Pologne, de Tchécoslovaquie, de Hongrie, du Maroc, d’Espagne, d’Allemagne, du Danemark va assurer avec les bénévoles :
La mise en pierres apparentes et leur jointoiement, des murs de la chapelle.
Le dégagement de l’ancien cimetière, devenu au cours des âges, le jardin de l’instituteur, puis la cour de récréation.
La mise en pierres apparentes de l’ancienne école, ancienne mairie.
A l’intérieur :
Le dégagement et la mise en pierres apparentes, des piliers de soutènement du clocher, de l’arc triomphal des murs de la sacristie. La restauration de l’ensemble des boiseries, le nettoyage et traitement du sol.
La restauration se poursuivra, elle est toujours d’actualité, avec les bénévoles de l’association qui fera aussi appel à des entreprises pour :
La réfection du clocher en tuiles vernissées, rendue possible, grâce à un don des tuileries Blache de Loire sur Rhône
La reprise de la voûte ainsi que des murs intérieurs de la chapelle.
Le renforcement des sols et voûte de cave de l’ancienne mairie.
La restauration de l’ensemble des huisseries de la chapelle et autres bâtiments.
La réfection de l’ensemble des toitures de 1991 à 2011.
Le coût de l’ensemble de ces travaux est assuré en majeure partie, plus de 60%, par l’association, dont les donateurs ont souvent été généreux, dans le plus grand anonymat, elle multiplie, depuis le début, les animations, expositions, concerts, théâtre, journées portes ouvertes, fêtes hier champêtres et folkloriques, aujourd’hui, biennale du vent.
Les locaux ne sont pas toujours ouverts, les bénévoles, plus de 25 ans après, sont certes moins nombreux, mais les lieux vivent et le patrimoine interpelle le promeneur
La chapelle : architecture des lieux
L’ensemble est d’une grande simplicité. L’édifice, face au village de St Andéol, sur un plateau souvent balayé par les vents, jouit par temps clair d’un panorama unique sur les Alpes, le massif du Pilat et les monts du Lyonnais.
Sur la façade un oculus roman témoigne de ses origines, mais sa toiture surhaussée au- dessus des ouvertures, indique que de profondes transformations ont eu lieu au xix° siècle, suite à une longue période d’abandon, après la révolution.
Le clocher fut probablement, à ses origines, en forme de campanile au- dessus de l’arc triomphal. Edifié en sa forme actuelle, des piliers le supportent à l’intérieur. Couvert de tuiles vernissées en 1854, puis zingué en 1920, il a retrouvé aujourd’hui sa couverture d’antan, ainsi que des abat-sons, sa cloche de 1610 l’habite à nouveau.
Côté nord, un mur d’enceinte édifié au XVII° siècle entoure l’ancien cimetière, transféré au milieu du XIX°, un peu plus loin, en direction de Givors.
A l’intérieur, la nef voûtée en berceau brisé, est séparée de l’abside en cul de four par un arc triomphal en plein cintre.
L’abside semi circulaire est ornée de 5 niches sous arcades qui abritaient les statues.

L’association a pu retrouver, une statue de saint Martin, en bois polychrome, du XVII° siècle, ainsi qu’une statue de la vierge en bois doré. Elles ne sont exposées qu’à l’occasion d’événements exceptionnels , ainsi qu’une bannière de 1788, qui porte sur une face, la représentation de St Lazare patron de la vallée du Gier, et sur l’autre celle de St Martin.

Des vitraux très colorés des années 50, illustrent les scènes de l’histoire de saint martin. Une souscription, lancée en 1991, a permis leur restauration par Jean-Jacques Fanjat, peintre verrier lyonnais, d’après les croquis d’origine du père RIB.
Dans la sacristie, la pierre tombale de la famille des seigneurs de Mannevieux comporte des inscriptions datées selon le calendrier révolutionnaire. Elles interrogent petits et grands.
La chapelle est sauvée,…

… encore faudra-t-il en préserver l’environnement, mais elle ne constitue pas le seul patrimoine de saint martin de cornas. Dans la vallée du Gier, en bordure de la 488, le château de Mannevieux dont la construction date du XIII° siècle, est aujourd’hui, toujours habité. Celui de Bassecour, à flanc de colline, n’est plus qu’une ruine qui menace de totalement s’écrouler …
Quelques références :
archives municipales et départementales
T.Ogier – L.Vignon
Françoise Rollin
Article rédigé par S. FORNENGO en Octobre 2012